Naissance du recueil « Évocations »

Lorsque ma maman s’est retrouvée atteinte de la maladie à corps de Lewy, un univers totalement inconnu s’est ouvert à moi, à mes proches.
Cette maladie parente de la maladie d’Alzheimer, a fait graduellement sombrer celle que nous chérissions dans l’oubli de soi et des autres.
Hallucinations, emportements inexpliqués, crises d’errance, mutisme, peurs… jusqu’à l’impossibilité d’accomplir les gestes qu’elle nous avait appris, tels que se laver, se nourrir, s’habiller, marcher.
Cette lente, mais inexorable descente vers son agonie m’était devenue tellement insoutenable, qu’un jour j’ai décidé d’écrire au sujet de cette maladie de l’oubli. Tenir à distance la misère de la situation, la détresse engendrée, en évoquant certains moments passés à l’observer, la rassurer, la caresser, lui parler…
Ces évocations en ont entraîné d’autres, sur l’enfance, la mort, le couple, des événements insolites, des moments de bonheur… tout ce qui peut assombrir ou enrichir l’existence. Mais surtout fixer à jamais la dernière année de vie maternelle.
Inquiétude
Ses mains touchent les fleurs.
Mais de qui ce bouquet?
Soudain on lit la peur
Et ses traits sont défaits.
Mais que faire de l’eau
A présent dans le vase?
Elle cherche ses mots
Et répète ses phrases.
Voilà que le bouquet
Dans le vase est plongé.
Son visage est plus gai
Et l’angoisse apaisée.
Errance
Perdu au milieu de ses mots,
Son esprit vagabonde
Et me laisse en chemin.
L’oubli est devenu son lot.
Elle erre dans un monde
Qui ignore le mien.
Obsession du passé,
Le présent disloqué.
Nous cherchons vainement
A la retenir.
Nous sommes impuissants,
Et la regardons fuir.
Lola
Lola a décidé
De coiffer sa grand-mère.
Elle l’a bien peignée,
Elle sait quoi lui faire.
Ce seront deux couettes
Placées sur les côtés.
Deux petites houppettes
Qu’elle a bien attachées.
Et de la voir ainsi
A déclenché les rires.
Lola et sa mamie
Vont garder souvenir
De ce moment magique
Où, pendant un instant,
Grâce à deux élastiques,
Tout devient amusant.
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